Mercredi 6 mars, pleins de bonne volonté et de très bonne humeur (comme la première photo le prouve), nous partons nos sacs sur le dos pour faire du stop. On prend notre temps et on arrive pas au bord de la route avant l’après-midi (c’est connu que nous ne sommes pas des lève tôt…). Fort de notre expérience de la veille (ah oui, hier nous avons pulvériser notre record de stop: Julien a levé le pouce, et un couple de portenos s’est arrêté dans la seconde pour nous ramener au centre de Bariloche. Autant vous dire qu’on était fiers!), on pense qu’aujourd’hui, ça sera pareil. On aimerait bien passer au Chili aujourd’hui, mais au pire une petite étape à Villa la Angostura, à 80km de là, ne nous gênerait pas.
A peine 10 minutes sur la route, un policier s’arrête pour nous prendre. Il nous avance jusqu’à Dina Huapi, à 15km de Bariloche. Pas top, mais on avance, c’est toujours ça. GROSSE ERREUR! Nous le saurons pour la prochaine fois: mieux vaut rester près de la ville! Les heures défilent à Dina Huapi et personne ne s’arrête… On ne peut plus prendre le bus, il va bientôt faire nuit, pas de camping ni d’hostel dans le coin, et on a faim. Le temps d’aller au supermarché, c’est une véritable tempête qui s’approche. On ne pouvait pas imaginer pire… Un commerçant nous dit de marcher 3 km pour atteindre le rio, et qu’on pourrait surement camper là-bas. On a pas vraiment d’autres options, et on prend donc la route sous la pluie. On se rend compte qu’en 5 mois de voyage, on a quand même pris du plomb dans la tête: au début nous aurions totalement paniqué dans cette situation, Julie aurait pleuré, Julien se serait énervé, bref, ça aurait été un carnage. Maintenant, ça va: certes on est vraiment dégoûté d’avoir fait seulement 15km (dont 3 à pied!) dans la journée et de se retrouver à la rue sous la tempête, mais on en rigole presque.
Arrivé au rio, on trouve un poste de police. Notre désespoir doit quand même se lire un peu sur notre visage car le policier nous interpelle « Que pasa amigo? ». Il nous explique qu’il est interdit de camper dans les parcs nationaux, mais qu’on avait qu’à se cacher un peu et partir tôt demain matin. Le vent est glacial: après 4 jours de soleil et de chaleur, c’est évidemment cette nuit là que le grand froid et arrivé! La nuit a été terrible, la tente qui a pris l’eau, le froid glacial, et les coups de stress à chaque bruit dehors. Le matin on a tellement froid qu’on a du mal à sortir de la tente, le rangement se révélera une torture, et on partira nos couvertures en polaire sur le dos (oui je rappelle qu’on a pas encore de manteau à cause des prix abusifs de Bariloche). Preuve de froid glacial: on voit que tous les sommets aux alentours sont enneigés. On est sensé être en été, non?! Bienvenue en Patagonie.
Fin de la partie « galère ».
La mauvaise partie se termine donc là, puisqu’à peine arriver sur la route, un couple de portenos s’arrête pour nous prendre. Il faut dire qu’on devait faire vraiment pitié après cette nuit blanche et avec nos couvertures sur le dos… On espère qu’ils nous amèneront au moins jusqu’à Villa la Angostura… « Nous on va au Chili, à Osorno, faire du shopping car tout est beaucoup moins cher qu’ici et en promotion au mois de mars ». Avec gentillesse, ils acceptent de nous prendre jusqu’au Chili. Le trajet avec eux fut un réel plaisir, on fait des pauses photos, des pauses cafés, on discute, on rigole… On réalise déjà qu’on vient de rencontrer des gens en or.
Sur la mythique Ruta 40, qui traverse l’Argentine du Nord au Sud
De nouveau, traversée des paysages magiques de la Cordillère et preuve qu’il a fait froid, très froid cette nuit là…
Nos anges gardiens ce jour là: Marcos et Carolina
Direction le Chili dans la bonne humeur 🙂
Avec toutes ces pauses photos, Marcos et Carolina n’auront pas le temps de rentrer en Argentine aujourd’hui, comme ils l’avaient prévus (la frontière ferme à 20h). Ils décident donc de passer la nuit à Osorno, et tout naturellement, nous nous mettons à la recherche d’un hôtel tous les quatre. Nous n’avions pas prévu de nous arrêter dans cette ville non plus, mais la nuit dernière nous a prouvé l’urgence qu’il y avait à nous acheter des manteaux: on va profiter de la fin de saison chilienne et de ses promotions. On trouve une petit auberge de famille, un peu flippante, certes, mais pas chère et correcte. On décide de faire découvrir à nos désormais amis argentins les spécialités que l’on connait du Chili: on partage une chorillana et une Escudo (bière) dans un restaurant, et enfin les garçons profitent de l’Happy Hour pour tester le « terremoto » (qui veut dire « tremblement de terre » mais qui est aussi un cocktail à base de pipeño (vin blanc à base de différents cépages, fermenté moins longtemps), pisco, grenadine et boule de glace).
On passera également la journée suivant tous les quatre à faire du shopping.Et quelle journée ! Marcos et Carolina sont réellement des fous du shopping ! Il faut dire que les prix sont nettement inférieurs à l’Argentine et on va en profiter (surtout eux!). Carolina me fera même le magnifique cadeau de m’acheter un très joli bonnet, pour le périple qui nous attend ça sera plus que nécessaire!
Et nous trouverons finalement nos manteaux: après des jours de « estan impermable-termico-cortaviento… » on tombe sur deux Columbias noirs parfaits, et grâce à Julien le négociateur (!) à moitié prix par rapport à Bariloche 🙂
Beaucoup d’émotions en deux petites journées, on est passés du désespoir total à la journée parfaite. Marcos et Carolina se révéleront notre plus belle recontre, de tout notre voyage. C’est les larmes aux yeux que nous les avons quitté, surtout quand Marcos a offert à Julien son collier (une flèche mapuche)… C’est pour ce genre de rencontres que nous faisons du stop, et ça nous a conforté dans l’idée que plus nous sommes en galère, plus nous rencontrons des gens exceptionnels pour nous aider.
Gracias para todo Marcos y Carolina, fue un placer conocerlos 🙂 Nos vemos en abril en Buenos Aires.